Manifeste pour une réforme de la spécialité de puéricultrice
L’ensemble des associations et syndicat de puéricultrices a rédigé un manifeste pour une réforme de la spécialité de puéricultrice, transmis à la DGOS en décembre 2023. Le texte met en lumière la situation particulière de cette spécialité dans un contexte de refonte du métier infirmier et d'un processus d'universitarisation de toutes les formations infirmières. Malgré son statut de plus ancienne spécialité infirmière et qui compte le plus grand nombre de professionnels diplômés (22 000, équivalent au nombre de sages-femmes), l’infirmière puéricultrice (IPDE) a été négligée par les politiques de santé publique depuis plus de 30 ans.
Les IPDE n'ont bénéficié ni d’une réforme de leur métier ni de celle de leur formation depuis 1983, bien que les instituts aient adapté leurs programmes en réponse aux évolutions des pratiques et des besoins des populations. La reconnaissance insuffisante du métier expert de puéricultrice a des conséquences sur les prises en charge, notamment en services de soins critiques et d’urgence, où des expertises techniques sont nécessaires, comme en témoigne l’augmentation des réglementations et des rapports sur la santé de l’enfant.
Pour y répondre, les représentants des puéricultrices proposent une approche du métier par missions. 1
La première mission correspond aux activités de soins des IPDE auprès de l’enfant en totale
autonomie sur son champ de compétence propre, soit la science infirmière. Cette mission peut être identifiée comme une mission spécifique IPDE.
La seconde mission correspond à l’intervention des IPDE dans le cadre de la prise en charge des patients mineurs ayant recours à des soins médicaux (activités invasives/ médicamenteuses) en soutien des médecins ; l’IPDE agit avec plus ou moins d’autonomie en fonction des actes et/ou activités confiés. Cette seconde mission peut être identifiée comme une mission de collaboration avec le médecin avec de la pratique avancée et/ou sur protocole.
Le manifeste détaille les activités de l’IPDE qui peuvent répondre aux besoins de santé de l’enfant dans un contexte de difficultés et besoins dans le parcours de vie et de soin de l'enfant. Par exemple, les constats récurrents pointés sont :
- La diminution des effectifs médicaux affectant le suivi de l'enfant, avec une baisse significative du nombre d'internes formés en pédiatrie;
- L’inégalité du maillage territorial et la faiblesse démographique des pédiatres aggravant les problèmes d'accès aux soins pour les enfants;
- La difficulté de coordination ville-hôpital dans un contexte de désertification médicale;
- La prise en charge des enfants, du suivi périnatal jusqu’à la santé scolaire, soulevant des enjeux en termes de prévention, de protection de l'enfance, et de santé mentale de la population visée.
Les activités de l’IPDE l’identifieront comme référent santé de l’enfant en intégrant le travail en réseau et en collaboration avec les autres acteurs de la santé, de l’éducation et de la protection de l’enfant.
Pour acquérir ces compétences, la formation des puéricultrices appelle dorénavant un cursus universitaire. Le renvoi au contenu d’enseignement pour définir le métier de l’IPDE rend nécessaire l’identification des contenus d’enseignement sans pouvoir les lister précisément dans le cadre d’un arrêté.
Il est donc fondamental que la formation des puéricultrices relève d’un MASTER universitaire qui s’inscrira dans le cadre d’un département universitaire de sciences infirmières (DUSI) commun à l’ensemble de la profession infirmière.
Cela permettra une meilleure coordination et répartition des savoirs entre la licence IDE, le MASTER PDE et les autres formations infirmières en spécialité intervenant également, dans leur domaine respectif, auprès de l’enfant et du patient mineur.
La maquette de formation envisagée comprend :
- Domaine de compétence 1 : compétence en pratique avancée, enseignement assuré par la faculté de médecine pour la théorie et encadré par des médecins sur le
- Domaine de compétence 2 : compétence spécifique pour les mises en œuvre de compétences techniques sur prescription en situation complexe.
- Domaine de compétence 3 : compétences préparant à la mission spécifique de la puéricultrice. Enseignement assuré par le corps enseignant des instituts de formation, des départements universitaires en sciences infirmières et
- Domaine de compétence 4 et 5 : blocs transversaux communs aux formations de spécialités et des IPA (tutorat, recherche et amélioration de la qualité).
La réforme envisagée de la spécialité infirmière puéricultrice (IPDE) tient compte des contraintes économiques. Elle propose un modèle de formation modulaire sur deux ans, 2
accessible aux professionnelles dans le cadre de la formation professionnelle continue. Cette approche vise à répondre aux besoins en professionnels experts, en particulier dans les services de soins critiques.
La réforme propose que les IPDE développent une activité en pratique avancée pour économiser du temps médical, en coordination avec les médecins qui pourront se concentrer sur les situations complexes.
En conclusion, la réforme appelle à une réingénierie de la formation en MASTER 2 universitaire, positionnant pleinement l'IPDE dans l'expertise de la santé de l'enfant, tant dans le secteur hospitalier que médico-social. Par la valorisation et la considération de la profession, l’IPDE s’inscrit dans une attractivité des métiers de la santé et de l’enfant.
Télécharger le manifeste complet: Manifeste pour une réforme de la spécialité de puéricultrice